La constance, voilà bien le mot dont nous avons manqué! Il était clair qu’avec 8 manches toutes comptant pour le classement final, il ne fallait pas passer à côté d’une régate pour espérer une place d’honneur dans cette compétition. Et nous avons passé à côté de notre troisième journée.
Dans les deux régates de cette journée, nous sommes cependant bien partis. Le passage de la bouée de dégagement se fait dans les 5 premiers à chaque fois, mais après nous manquons de lucidité dans les régates. Nous prenons en tout 4 pénalités sur la journée, ce qui est extrêmement handicapant. D’une manière générale, c’est un manque d’anticipation sur des croisements ainsi que sur les approches de bouées qui nous coûte cher.
Lors de la 2ème régate, en plus des pénalités, c’est la malchance qui se met en travers de notre chemin. Juste avant de terminer, nous passons la dernière bouée (300 mètres avant la ligne d’arrivée) bord à bord avec le bateau français de Next World Energy. Ils ne parviennent pas à rouler correctement leur Gennaker et il se met à battre à l’avant du bateau. Nous nous engageons en vitesse sous leur vent alors que nous roulons le nôtre. Nous sommes persuadés de pouvoir glisser sous leur vent tant leur Gennaker crée des turbulences dans leur foc et aile. C’est alors que le No.1 français choque le “Hook” (taquet retenant la drisse de Gennaker en haut de l’aile) et leur Gennaker vient s’affaler devant notre étrave. Nous tentons d’abattre mais rien n’y fait, il passe entre nos deux coques. Le coup de frein est immédiat et les deux bateaux s’arrêtent. Un équipier français avait la drisse autour de la jambe: il se retrouve écrasé contre l’aile, la jambe étranglée par la drisse joignant maintenant les deux bateaux. Nous coupons immédiatement la drisse mais les Portugais et Suédois se sont entre temps glissé à notre vent et finirons la régate devant nous. Notre demande de réparation n’y fera rien, nous héritons de la 7ème place.
Avec une 6ème place au classement général après cette journée, nous n’avions plus grand chose à perdre pour le lendemain. Le classement étant toujours serré et la dernière régate comptant double, il était parfaitement possible de remonter sur le podium, voire même d’accéder à la première place!
Il était évident que nous devions frapper fort à la première manche du dernier jour. Tout serait alors possible dans la dernière manche! Le départ se fait au vent, proche du comité. Nous écrasons deux bateaux sur le bord de largue et nous retrouvons bord à bord sur l’équipage néo-zélandais de Peter Burling (NZL 2), leader avant la dernière journée. On déroule en même temps que lui et le déventons sur les premiers mètres de portant. Le premier empannage est bien négocié et nous repartons sur les bouées sous le vent. NZL 2 empanne trop tôt sur la layline ce qui lui coûtera une manoeuvre supplémentaire et une approche lente sur la porte sous le vent. De notre côté, nous roulons mal notre Gennaker et devons l’affaler au plus vite afin de repartir de la bouée. A partir de ce moment, nous devions absolument couvrir les Portugais qui avait entre temps repris la 2ème place. En hissant le Gennaker à la marque au vent, il commence à battre dans le vent. Nous prenons la décision d’attendre le passage de la bouée pour le hisser au portant et ne pas risquer qu’il se déroule à la fin du bord de près. La décision est bonne, nous perdons environ 2 longueurs sur les bateaux de derrière. Si nous avions précipité la manoeuvre et l’avions hissé au près, nous aurions perdu largement plus. Le reste de la course va bien se dérouler et nous finirons cette 7ème régate en tête!
Dans des conditions de vent qui ne faisait que monter, nous avions hâte de retourner régater pour la dernière manche comptant double. Après trois procédures de départ lancées par le comité puis annulées faute d’une moyenne de vent supérieur à la limite autorisée, la décision tombera d’annuler la dernière manche de la Youth America’s Cup.
Nous échouons donc au pied du podium, à la 4ème place. Le classement est dominé par les kiwis, NZL 2 en 1er, NZL 1 en 2ème, et POR en 3ème. Nous ne sommes que deux points derrière NZL 1, et à un point du podium. Autant dire que nous nourrissons quelques regrets. Avec des “si”, nous aurions évidemment pu faire mieux. L’expérience de ces 10 derniers mois a néanmoins été forte en émotions mais aussi en apprentissage et en plaisir!
Après avoir entièrement démonté le bateau, nous devions déjà rentrer en Suisse. L’Open de Crans en D35 avait lieu ce week-end ainsi qu’un Grand-Prix de M2 au Yacht Club de Genève. Avec neuf heures de décalage horaire, nous n’étions pas tout à fait à notre avantage pour concurrencer les autres D35 du circuit. Nous terminons à l’avant-dernière place, mais avec le sourire au lèvre et une grosse envie d’aller se reposer.
Encore quelques images des derniers jours:
Départ de la dernière manche:
Au coeur de l’action:
Arrivée victorieuse de la 7ème régate:
J’espère que vous avez eu du plaisir à suivre notre aventure. En tout cas, nous avons eu du plaisir à la vivre!
Lionel